Alfred Latour, voulant se consacrer entièrement à son travail, écrivait le moins possible et refusait les interviews. L’homme et l’œuvre se révèlent néanmoins à travers de nombreux témoignages:
2015 Alfred Latour, un artiste total
“Au cours d’une vie, nous rencontrons naturellement beaucoup de nos semblables. Essentiellement des vivants. Chacun d’entre eux, à des degrés divers, nous interroge. Parmi ceux qui m’ont laissé les plus beaux souvenirs, je recense des artistes, des chanteurs, des éditeurs, des gens simples, des politiciens, quelques personnages héroïques, un ou deux prix Nobel, beaucoup d’amis et un peu moins d’amies. Bref, comme le disait l’un de mes proches – Pierre Versins, pour ne pas le nommer: «Il faut de tout pour faire un monde; que ne faudra-t-il pas pour en faire plusieurs?» Or il se trouve que, sans même en prendre conscience, nous vivons simplement dans plusieurs mondes simultanément et sans que cela pose le moindre problème.” Lire la suite
Richard Aeschlimann, Chexbres, 20 mars 2015
2004 Création de la Fondation Alfred Latour à Fribourg, Suisse. Henri Paillard, journaliste au Figaro, écrit un article, “La Suisse honore un peintre oublié”:
“À quoi tient le relatif oubli dans lequel il était tombé? Sans doute à son indépendance vis-à-vis des courants qui agitèrent le monde artistique au XXe siècle, à son refus des écoles et des voies toutes tracées…”
Henri Paillard, Le Figaro, 29 décembre 2004
2004 Exposition rétrospective à l’abbaye de Fontenay. Extraits du Livre d’Or de l’exposition:
“It is a very interesting exposition! I am happy to have seen it.” (Argentine, sculpteur)
“L’art de simplifier. Magnifique!” (Pays-Bas)
“Beautiful in simplicity.” (USA)
“Latour’s interpretation of the world around him represented in such simple lines, in my opinion, is really very clever and captures the essence of the scenes that he is trying to represent.”
“Quelle joie dans les couleurs! Quelle diversité! Quelle maîtrise!”
“Un flot de couleur et de bonheur, je rencontre pour la première fois de ma vie ce que j’aime vraiment en peinture. Bravo!”
2003 Un peintre contemporain, qui a bénéficié des conseils d’Alfred Latour: “C’était un homme exigeant mais attentionné, un homme ouvert […]. Il était humble et réservé bien que ferme dans ses choix. Alors que je lui montrais mes croquis: «Trop chargé», me dit-il. J’ai alors stylisé et réduit à l’essentiel le croquis d’un olivier. «Encore trop chargé… mais ne soyez pas furieux!» Il est allé chercher un carton: «Regardez, j’ai là deux croquis, l’un de Picasso et le vôtre. Vous comprendrez plus tard que je vous ai fait confiance…» Nous nous sommes revus à Eygalières et étions convenus d’autres rencontres quand le sort l’a frappé.”
Henri Ferrier, lettre à Jean Latour du 27 octobre 2003
1978 Exposition rétrospective organisée par le musée Ziem, Martigues: “L’homme était l’élégance même, méticuleuse mais sans étalage; son atelier était tout ordre et toute netteté.”
Louis Evrard, plaquette de l’exposition
1978 Exposition rétrospective organisée par le musée Ziem, Martigues: “L’homme
“Dans les dessins et les peintures de ses dernières années, l’ordonnance classique cède un peu le pas au lyrisme. Une fois sa technique affirmée dans le sens d’une concision absolue, Latour laisse parler sa subjectivité, jusqu’à cet Arbre mort, qui, noir et tragique, marque la fin de sa production picturale et de sa vie.”
Joëlle Pijaudier-Cabot, plaquette de l’exposition
1962 Exposition personnelle à la galerie Garibaldi, Marseille: “L’extrême simplicité du trait aboutit à une puissance d’évocation prodigieuse, qui rappelle parfois les maîtres de l’estampe du Moyen Âge japonais tels Hokusai et ses émules… Sa conception de la nature se transmet avec une économie de moyens bouleversante et il semble que chacune de ses œuvres est une fenêtre ouverte sur son âme, dégageant une prodigieuse atmosphère de paix, de lumière et de jeunesse.”
J. Samat, Le Méridional, 15 décembre 1962
“La peinture d’Alfred Latour est celle de la «minute de vérité». L’art de Latour est aussi une géométrie de l’espace. La ligne droite, sa règle d’or de dessinateur, marque encore la droiture de ce caractère, sa probité.”
Camille Rouvier, Le Provençal, 19 décembre 1962
1962 Exposition personnelle à la galerie La Calade, Avignon: “Les couleurs d’Alfred Latour vous accueillent en fanfare. […] Toutes les œuvres exposées donnent, malgré leur dépouillement et la rigidité voulue de leurs lignes, une impression de vie intense et de poésie silencieuse.”
Francis Carlier, Le Dauphiné Libéré, 1er avril 1962
“Alfred Latour est l’auteur d’une œuvre considérable, mais en qualité de peintre, il a rarement exposé. C’est pourquoi beaucoup de connaisseurs découvrent son talent dans ce domaine. Dans toutes ses productions, Alfred Latour, qui sort des sentiers battus, exprime une originale personnalité. Dans la vie courante, son caractère principal est une modestie semblable à son vaste talent.”
Le Méridional – La France, 22 avril 1962
1953 Alfred Latour vit désormais à Eygalières et s’est remis à la peinture à l’huile: “Latour va à l’essentiel, il dépouille son sujet de tout superflu, de tout ornement. Cette conception, non seulement n’exclut pas la joie du cœur et des yeux, mais ne peut qu’y aboutir.”
Henri Jonquières, “Alfred Latour, peintre typographe”, revue Caractère, numéro spécial de Noël 1953
1953 Exposition personnelle de toiles à la galerie Carmine, Paris: “Il n’est pas si aisé d’aller nu et sans fard. Van Gogh le savait bien, qui s’est écrié: «Le vrai et l’essentiel: le plus difficile, c’est ça!»”
Frank Elgar, revue Carrefour, “Les arts”, mars 1953
1937 Exposition d’aquarelles à la galerie Greatorex, Londres: “Je ne prendrais qu’un seul exemple, le tableau intitulé La Chapelle Saint-Sixte. Pour moi, cette scène, par sa simplicité, sa tranquillité, sa tristesse, sa majesté, est aussi belle et aussi émouvante, aussi insondable qu’une sonate de Beethoven. Si un artiste a jamais réussi à peindre le silence, c’est bien Alfred Latour…”
J. Lewis May, plaquette de l’exposition (traduit de l’anglais)
1933 Voyage au Maroc et exposition à Fez: “On demeure confondu qu’en un si court laps de temps un voyageur ait su, rejetant les attraits faciles du pittoresque et de l’exotisme, aller droit à l’essentiel. Voici, au pays du mirage et du symbole, une vision poignante de compréhension autant que de sincérité, voici l’Orient senti en profondeur.”
Le Soir Marocain, 29 janvier 1933
1929 Alfred Latour devient un nom dans le monde du livre d’art: “L’œuvre d’Alfred Latour est une recherche perpétuelle. […] Et chacune de ses nouvelles conceptions témoigne […] d’un désir d’atteindre à la perfection par une simplicité toujours plus rigoureuse […].”
Louis Martin-Chauffier, “Alfred Latour, rénovateur de la décoration du livre”, Plaisir de bibliophile, 1929
1928 Alfred Latour s’installe à Montparnasse, 26 rue du Départ: “Il est un peu, dans son haut atelier nu et baigné de franche lumière, de cette famille de bénédictins de l’art, que j’aime bien, que je fréquente avec plaisir, parce qu’ils sont des professeurs d’ordre et de méthode, chez qui l’idéal et l’enthousiasme ne sont pas glacés, malgré l’apparente sévérité des disciplines.”
Pascal Forthuny, “Le graveur Alfred Latour”, Arts et métiers graphiques, nº 7, 1928
1928 Alfred Latour décore une édition spéciale du livre d’André Gide Le Voyage d’Urien: “Les vignettes raffinées, images abstraites évoquant des motifs tels que navires, nuages, vagues et montagnes. […] Enfin un usage très moderne de la couleur.”
Site Internet de la Bibliothèque nationale de Hollande (+)