C’est par le dessin d’abord qu’un tissu peut être œuvre d’art. […] Un dessin pour étoffe doit être bien composé; l’harmonie entre les pleins et les vides doit être parfaite à condition d’avoir des rapports continus. Certaines toiles imprimées du Moyen Âge, hélas peu connues puisque de destination trop modeste, sont de remarquables exercices de cet art. […] Certains tissus d’Alfred Latour sont à mettre en rapport direct avec cette ancienne technique qui, au début du XXe siècle, sous l’influence d’expressionnistes allemands d’une part, sous celle de la renaissance d’un certain art populaire d’autre part, connut une réelle faveur. […]
Mais l’art le plus élégant, le plus raffiné étant aussi le plus simple, nous pouvons sans restriction affirmer que les étoffes d’Alfred Latour sont certainement parmi les plus élégantes de l’après-guerre. Il fallut un artiste de cette trempe, avec autant de gaieté et de subtilité, pour donner à la mode de cette époque un nouveau départ et surtout la joie de vivre.
Jean-Michel Tuchscherer
Conservateur du musée des Tissus et du musée des Arts décoratifs de Lyon