Il [Latour] a sa lumière à lui, qui est celle du papier, sa matière à lui, qui est le bois, et ses outils pour définir les formes. Tantôt par aplats, tantôt par accents, tantôt par tailles en espaçant plus ou moins ces dernières, en les faisant onduler comme le jeu optique d’une moire, il construit et modèle son univers. La couleur ne lui est pas un chatoyant artifice, mais une force plastique. Le noir, le gris y paraissent non comme valeurs d’ombre, mais comme valeurs tonales.
Alors se définit à nos yeux un monde à la fois transparent et solide, imaginaire et concret. Les planches que Latour vient de nous donner ont le double caractère d’œuvres précieuses, longuement élaborées et nées d’une espèce de secret, et, d’autre part, l’aisance rêveuse, la qualité aérienne d’une belle poésie. Elles nous font comme un aspect nouveau de ce grand art.
Henri Focillon
Arts et métiers graphiques, nº 29, 1932