Les fleurs secrètes d’Alfred Latour

Les fleurs secrètes d’Alfred Latour

En écho aux clapotis éblouissants de Lausanne Jardins 2024

À l’occasion de la 7e édition de Lausanne Jardins, laboratoire grandeur nature de l’aménagement urbain, la Fondation Alfred Latour a souhaité s’associer à la manifestation phare de l’été lausannois en présentant l’exposition Les fleurs secrètes d’Alfred Latour.

Deux thèmes qui se croisent et se répondent : l’eau le long des bords du lac et la fleur saisie par le peintre au cœur des Alpilles, présentée après la longue remontée du Rhône, pratiquement sur le tracé caché du Flon, un peu au-dessus de l’ancienne adresse des Bains Haldimand, Place du Nord 2. Une goutte d’eau comme un rêve et un voyage dans le temps. Un dialogue sur le vivant et la fragilité, abordé d’un côté par l’art de transformer l’espace, de l’autre par l’art de représenter la beauté passagère du végétal. D’un côté la fleur surprise par le crayon ou l’aquarelle, de l’autre l’espace transformé pour faire place à un nouveau regard.

L’Espace Alfred Latour prolonge le sujet du « point de vue » et de « l’esthétique » ouvrant ses portes au dialogue entre les arts.

Les fleurs secrètes d’Alfred Latour

On dit des fleurs que leurs couleurs sont la palette de Dieu, qu’elles symbolisent la vie, le passage du temps, qu’elles ont un langage propre qui s’adresse à l’amante ou à l’ami trop tôt parti. Les peintres, depuis la nuit des temps, saisissent le motif, donnent à voir leur paradis végétal. Ils s’astreignent à capturer le sublime. Les herbiers foisonnent, les images nous escortent et vivent en nous pour toujours – Hosannah Maria Sibylla Merian, au lys bleu et à la chenille merveilleuse.

Alfred Latour s’empare du sujet, il esquisse les éclats de son paradis. Son crayon et son pinceau vont à l’essentiel, synthétisent ce qui est offert à l’œil: le rouge, l’ivoire subtil de la fleur du fruitier, le rose, la luxuriance des violets foncés. Son trait porte l’épure de l’époque – ce mitan du XXe siècle –, le besoin de la forme simplifiée en écho aux grands gestes de l’UAM. Et la répétition crée le jardin qui s’étale sous nos yeux. Vingt fois l’épi de seigle doré, pour donner à voir les longs sillons qui se balancent au vent; vingt fois la pivoine, pour rappeler les taches profondes dans la prairie verte; vingt fois la rose qui grimpe le long du mur, pour évoquer les parfums subtils, et la feuille du figuier pour l’ombre, l’ombre qui structure la lumière. 

Les techniques sont diverses: aquarelle, mine de plomb, fusain, gravure, collage et, parfois, la souplesse élégante de l’étoffe.

Pour la première fois, à l’occasion de Lausanne Jardins 24, soixante ans après la disparition de l’artiste d’Eygalières, l’herbier secret d’Alfred Latour s’expose. Il porte en lui tous les codes de ce sujet universel: l’originalité du trait, un point de vue choisi, la séduction par la relation intime à la fleur unique, au fragile, à la patine du temps qui passe.